lundi 23 septembre 2013

Livre et vous


Il m’a oublié une semaine sur sa table de chevet. Il avait d’autres choses en tête que la lecture, ces derniers temps.

Elle m’a trimballé dans son sac, des jours entiers. J’y ai récolté une égratignure, quelques grains de sable et un ticket de métro en guise de marque-page.

Ils m’ont lu en cachette, tous les soirs, sous leur couette, la lampe de poche coincée dans les barreaux du lit. Surtout ce passage-là.

Elle m’a sorti dans le train, pour passer le temps. Elle a raté sa gare.

Il a corné ma 128ème page, ces mots qui résonnent en lui d’un bruissement sourd.

Elle a monté le volume de son sonotone et lui a demandé de relire la dernière phrase.Elle n’avait pas bien entendu.

Il a découpé un petit bout de papier de ma dernière page, il a inscrit dessus son numéro de téléphone et l’a tendu à cette fille. Elle a hésité avant de le prendre.

Elle m’a glissé dans sa valise, entre son pull rose et un jean.

Il a aimé mon titre et le dessin, sur ma couverture.

Elle m’a refermé, rêveuse, le dernier mot lu.

mardi 3 septembre 2013

Où tu voudras, quand tu voudras


Je suis tombée in love du Québec.

J’sais pas pourquoi, j’connais même pas encore mais j’suis en train de checker l’prochain vol pour Montréal.

J’vais donc te pondre un texte en québécois, non, j’le parle pas mais j’en ai lu plein pis c’est pas si tant difficile, suffit de mettre des mots des States, sauf ceux qu’on utilise en français, qu’ceux là faut les mettre en ancien français, et des raccourcis en d’dans, avec des tsé par ci par là et quelques osties bien senties. Pis t’inverse quelques articles.

J’suis in love, rapport que les québécois ils ont plein d’humour pis y sont pas comme nous. Et moi les gens pas comme nous ça m’a toujours plu. Parce que parfois les français j’en ai ras la cap, entre les parisiens un peu frais chiés qu’on tout connu et qui doutent de rien et les autres qui sont rien que des bouseux à vaches ben niaiseux.

Alors quand j’ai eu une journée de marde, du genre que mon char il démarre pas pasque j’ai oublié d’aller gazer, que j’retrouve un gomme collé sur mes souliers neufs, que mon cell fait des trucs weird, que j’me suis chicanée avec mon chum qui m’perce des dents ou que j’fais tout croche dans ma job, bref, quand ma vie elle est trop plate et que j’suis down j’vais faire un tour sur un blogue québecois.

Genre, çui là : Les populaires.

C’est awesome. J’me lis un article jusqu’au boutte.

On y parle de pâte à dents, et de filles qui se font bronzer les boules. De collants qu’on colle dans des cahiers d’écoliers (paye tes allitérations), pis de temps des sucres et d’ours blancs. On y mange un beigne et du beurre de peanut et on boit du gin dans un flasque, ostie. On y voit des patentes fucking malades.

Come on. Le prochain flight, il est à 6pm. Tsé, si j’me hurry, j’peux p’t’être le catcher. J’prendrais pas mon base jusqu’à la fin de semaine.

lundi 2 septembre 2013

Dans le bain


Bonjour les petits clous !

Je suis de retour de vacances après une année Santa Barbara pour moi. Comprendre, vous prenez un scénario improbable d'une série TV des années 80, celle dont vous dites « ah vraiment ces scénaristes quand même on voit qu’ils savent pas quoi inventer, n'importe quoi, à ce point là c’est grave », vous incrémentez ensuite le nombre de péripéties de manière exponentielle dans tous les domaines et ça donne ma vie ces derniers temps. Au moins, je ne m’ennuie pas.

Sinon, parfois, ma bio-attitude me fait faire des trucs bizarres. Je me laisse convaincre, aidée en cela par la super promotion dans ma pharmacie, 10 galets pour 9,99 €, que OUI, j’ai absolument besoin de prendre des bains aux huiles essentielles. Prendre soin de soi, lâcher prise, penser à soi pour mieux penser aux autres, etc… (j’ai lu ça dans Psychologie Magazine, ou dans Femme Actuelle, je ne sais plus bien. A moins que ce ne soit dans un Gala édition collector juillet 1990 de mon coiffeur).

A vrai dire, la pharmacie n’a pas besoin de me pousser beaucoup. J’investis régulièrement et par crises la moitié de mon salaire dans des tubes homéopathiques conseillés par des sites internet divers dont la seule caractéristique est de ne jamais proposer la même solution au même problème, combinés avec des compléments en vitamines, minéraux, pro et prébiotiques, assortis de quelques infusions et gélules aux plantes…
Parce que maintenant, une pharmacie (ou para-pharmacie), ça ressemble à ça :
Et là, je pense que tu as compris pourquoi je n'étais pas devenue infographiste


Bon courage pour t’y retrouver, chaque laboratoire avançant une étude SCI-EN-TI-FI-QUE prouvant les qualités de son produit (si tu n’as pas un bac +12 option pharmacologie tu auras du mal à contester la validité des dits résultats).

Je prends donc tout, en même temps bien sûr, mon planning journalier ressemble à celui d’Obama. Dit comme ça, ça semble pitoyable. Et bien...
...ça l’est. Voilà.

Donc j’ai acheté des galets effervescents aux huiles essentielles bio pour le bain. D’une marque allemande (le bio allemand pour les produits de beauté, ça fait tout de suite sérieux, je sais pas pourquoi) (ah, le bio et l’allemand, une grande histoire d’amour, un peu comme la birkenstock et l’allemand, ils savent que le monde entier se moquent d’eux, mais ils continuent à en porter).

Ce jour là, j'ai choisi mélisse. Ça rime avec réglisse. J'adore la réglisse.
Un bon bain à la mélisse, ça délasse, c'est marqué dessus, "délassant". Petite bougie, eau tiède qui coule et galet qui fait pschiiit au fond de la baignoire. …

L’odeur exhalée flotte dans l’air et chatouille mes narines…

Bon. Soit j’ai mal compris, soit citronnelle se dit mélisse en allemand. L’avantage, c’est que je ne devrais pas avoir de soucis de moustiques cette nuit. Par contre, pour le côté relaxant, c’est raté. Tu t'es déjà délassé dans un bain d'anti-moustiques toi?

Surtout qu'en plus de ça, l'eau vire au jaune d'or.
Il faut donc que je me "délasse" dans une eau qui ressemble maintenant à de la pisse de chameau chaude. Jaune foncé, et bien mousseux.

Le bio allemand, comment dire...ça manque un tout petit peu de délicatesse.