vendredi 11 octobre 2013

57


Le cheveux rare et  lourd
Ployant sous le faix
Une peau grise de fatigue et
De tabac
Il tient une sacoche molle au bout du bras droit
8h50 à sa montre
Dans un soubresaut maladroit, il presse vaguement
Le pas
La porte de l'immeuble
Il se redresse et rentre le ventre
Les standardistes
Ne le regardent pas
Il fouille dans sa poche 
Extirpe son badge usé
Passe le portillon 
Attend l'ascenseur
Bonjour bonjour
S'assoit dans son fauteuil en mauvais cuir
Des jours meilleurs
Regarde par la fenêtre
Le nuage doré qui passe 
Au loin

lundi 7 octobre 2013

Cardinaux



copyright Variations photographiques
Le train à grande vitesse file vers l'ouest, pressé d'atteindre l'océan.
Je croise une couche de nuages épars qui filent en sens inverse, vers l'est, absorbés par le sérieux de leur tâche - masquer le ciel trop bleu et préserver le vert éclatant des premières pousses des rayons toxiques du soleil.
Je regarde ces terres qui défilent, et je ressens profondément à quel point je suis chez moi. A quel point la terre de ce pays est mienne et fait partie de moi, la force titanesque qui me relie à ce sol.

Un cèdre noir étale ses couches dissemblables au dessus de ma tête.

Le train à grande vitesse file vers le nord.
La terre nue se pare d'épis. Au creux de ce vallon, si vallon l'on peut nommer ce vague creux dans cette platitude, un fond de brouillard s'accroche, déposé là au petit matin comme offrande au soleil et dédaigné par celui-ci.

Le train à grande vitesse file vers le sud-est.
Sur le quai de la gare de province, il y a bien vingt centimètres de neige vierge. Les pieds me démangent d'y sauter.

 Le train à grande vitesse file vers le sud-ouest.

Le train file.
A grande vitesse.