Cher petit clou,
Je crois que je suis trop gentille. Non, pas "bien" gentille. "Trop" gentille. Tiens, par exemple, quand quelqu'un appelle à 19h28 alors que je suis dans la cuisine devant ma casserole qui déborde, en train d'émincer très vite mes oignons et de les jeter à la volée dans l'huile trop chaude de la poêle, provoquant immanquablement un éclaboussement bouillant qui salira le tee-shirt qui avait résisté aux spaghettis bolognaises du midi ET me causera une multitude de brûlures au troisième degré de la taille d’une tête d’épingle sur les deux mains, juste à côté de celles de la veille au soir, hurlant aux enfants pour couvrir le vacarme de la hotte d'aller se mettre en pyjama au lieu de jouer aux fusées avec leurs feutres ouverts et s'ils pouvaient en même temps arrêter la musique stupide de ce jeu vidéo puisqu'ils n'y jouent pas, tout ça pour me demander si j'ai l'intention prochaine de changer de cuisine/de téléphone/de meubles/d'assurance-vie, je répond généralement poliment que oui, non, peut-être, s'ils pouvaient rappeler à un autre moment, 14h demain oui parfait voilà. A part le fait que je ne serais pas disponible à 14h le lendemain, ce que d'ailleurs mon interlocuteur sait aussi bien que moi, mais que par respect des conventions sociales et du code de bienséance du démarchage téléphonique il ne peut pas mettre en doute, ma réaction témoigne cruellement d'une incapacité à lui dire réellement: " mais oui, je VEUX changer de téléphone, si ça peut me permettre que des casse-couilles dans votre genre n'appellent plus !" ou bien de lui demander s'il sait où il peut se mettre ses assurance-vies.
Ou encore, lorsqu’on m’annonce que je vais, pour une période indéterminée, devoir lâcher mes responsabilités et faire un boulot dont l’intérêt essentiel réside dans le fait que les locaux sont chauffés ( et encore, pas toujours, vu que ça caille le lundi matin), je ne proteste que mollement, exprimant certes mon désaccord (comme quoi, tout n’est pas perdu) mais fondamentalement incapable de m’enferrer dans une querelle profonde, quel qu’elle soit, avec un supérieur hiérarchique. Ou n’importe qui d’autre.
Je pense que le boulot qui me conviendrait le mieux en fait, c’est médiateur.
Car le bon côté de la médaille, c’est que je considère que tout le monde a raison, au moins en partie. De son point de vue en tout cas. Et que je tente en permanence de concilier leur approche et la mienne.
C’est assez déstabilisant, parce que ça m’amène à avoir au final très peu de certitudes sur le monde qui m’entoure. Ou bien, uniquement, la certitude que quoi que je pourrai dire sur un sujet sera contextualisé par le lieu, l’époque, la société, mon état d’esprit, mes discussions du moment et la sphère d’existence dans laquelle je graviterai à ce moment là, et que ça n’aura donc aucune valeur définitive.
Et aussi, la certitude que je me prends parfois un peu trop la tête, tout simplement.
Mais que ça, je ne le changerai probablement pas…
A bientôt mon petit clou!
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vendredi 19 novembre 2010
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11 commentaires:
Je crois qu'il y a deux choses : savoir écouter le parti de l'autre et savoir trancher dans un intérêt qui est autre que celui de l'autre.
Ceux qui veulent diriger correctement doivent être de très bons médiateurs (l'un ne peut aller sans l'autre), sauf qu'à la fin, ils prennent une décision la + gagnante-gagnante possible.
Oui, euh, je sais plus où je voulais en venir, peut-être au fait qu'il ne fallait pas y voir deux antinomies, d'autant qu'un médiateur doit aussi se positionner à un moment ou à un autre...
Mais ça, ne pas savoir clairement dire non, si ça te casse trop les burnes,ça peut s'améliorer largement. ;-)
envoyer chier tout le monde est une religion pour moi !!! :D
des fois même les gens s'envoient chier avant que je ne le fasse pour eux !! just awesome !!!
Si tu as du mal à trancher, c'est peut-être justement parce que le monde n'est pas ou blanc ou noir... il y a des multitudes de couleurs et les dégradés en plus !
Ceci démontre sans conteste que tu es douée d'empathie et que tu es ouverte au point de vue de l'autre.
C'était aussi mon cas. Non pas que que je n'ai plus du tout d'empathie, bien au contraire j'en ai trop, alors je lutte contre elle pour survivre dans ce monde cruel, pour ne pas me laisser bouffer toute crue...
ça se traduit comment ? J'ai appris à dire non, j'ai appris à envoyer bouler, j'ai appris à dire clairement ce que je voulais, j'ai appris à accepter de déplaire et de ne pas être aimée, j'ai appris à ne plus accepter ce que je trouve inacceptable, en un mot, j'ai appris à m'affirmer.
Ne t'inquiète pas, si ce n'est pas dans ta nature de départ, ça vient avec l'âge et les frustrations accumulées. Un jour tu atteins le point de ras le bol extrême et là tu bascules du côté obscur de la force. Nan, là je m'égare, tu bascules du côté des gens qui ne se laissent plus marcher sur les pieds et que l'on respecte enfin.
J'ai appris à mes dépends qu'être trop gentille est très dangereux et très douloureux. Alors maintenant, j'ai ma pancarte "Chien méchant" autour du cou et seules les personnes sincères osent m'approcher. Les autres préfèrent passer leur chemin sans demander leur reste.
Mariedk
heu... micro-ondes !!!??? (ça marche aussi pour les chefs de services et les gremlins (Cf second opus)... comme ça tu gagnes du temps pour apprendre à envoyer chier ;)
Toujours ce petit souci de me dire "Les autres, quand ils envoient chier, tout le monde trouve ça normal, et TOI UNE FOIS, UNE SEULE, tu hausses le ton et t'es la paria.
Alors j'envoie plus chier comme avant. Je freine.
Mais c'est pas bon.
Je voudrais avoir la clé.
@La mère Joie: Je ne sais pas si ça me casse les burnes ;) En fait, ce qui m'embête, c'est qu'à force de trop écouter tout le monde, je ne sais pas toujours ce que je veux moi.Réellement.
@Flooe: Tu m'apprendras? Par contre, moi je pratique le regard qui tue. Le regard qui tue dissuade souvent quelqu'un de prononcer un seul mot qui fâche, et évite de fait les situations à problème.
@MarieDK: Je ne sais pas si je vais changer radicalement en fait. Je crois que c'est un peu dans ma nature, et qu'il faut aussi que je l'accepte. D'ailleurs, je crois que c'est fait, j'essaie de voir ça aussi comme une force, plus qu'une faiblesse à combattre.
@Astridm: Mon chef ne rentre pas dans mon micro-onde. J'ai déjà essayé.
@Zette: En fait, je crois juste que c'est compliqué, non? :D
@Zette : ils n'y sont pas habitués, c'est pour ça. On peut pas faire accepter un changement brutalement comme ça. Donc au contraire, il faudrait réitérer ! :-D
oh ben tiens, j'aurais pu écrire ça à peu près mot pour mot... sauf que moi, ça me les brise menues-menues !
Avec le temps j'ai appris à dire non mais sans "envoyer chier". Ca se fait en se respectant soi-même et en respectant son interlocuteur. Exemple avec le démarcheur "je vous remercie du temps que vous prenez pour me proposer votre offre, mais je ne suis pas intéressé. Je vous souhaite une bonne journée."
Voici une astuce très efficace pour ne plus être ennuyé par le téléphone inutilement.
Je réponds tout simplement ceci :
- je suis interdit bancaire, c'est gênant ?
En général ça fait rapidement le tour des plates-formes d'appels et vous êtes rayés de la liste des prospects.
PS : j'ai découvert ce blog grâce à cosmo, je vote pour toi depuis pas mal de temps
; -)
C'est pas faux,mais des fois le regard qui tue pousse le "provocateur" à répondre !!
je pourrais t'apprendre à l'ocaz puis c'est marrant d'envoyer chier des fois ! :D
Dernière en date,discussion agitée avec mon chef et j'lui balance avant de partir:"de toute façon c'est pas une veste que t'as ,c'est un poncho...c'est plus facile à retourner,sur ce j'te souhaite pas une bonne grosse soirée de merde mais le coeur y est !!!"
:D
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