lundi 12 mars 2012

Là-haut

Hello mes petits clous!

On reprend le rythme (promis je m'y remets) avec un petit texte issu de mon atelier d'écriture, et voici en avant-première mesdames et mesdames la proposition d'écriture:
Écrire un texte commençant par : "Étanche comme un bunker, le hall est meublé de plantes vertes et de luminaires indirects.", et contenant les mots suivants:
- sable
- wagon
- Donatienne
- destructuré ( e )
- surgénérateur
- totem
- saxophone.

Et c'est parti mon kiki!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!



« Étanche comme un bunker, le hall est meublé de plantes vertes et de luminaires indirects.»
Cette phrase est idiote, se dit Donatienne. Peut-on traiter une plante verte de meuble ? Et un hall peut-il être étanche, lui dont la fonction première est d’être ouvert sur l’extérieur? Un sas, à la limite, peut être étanche. Mais rien à faire, le hall de cet hôtel, malgré les quatre-vingt centimètres de neige entassée à l’extérieur et qui nous retiennent ici, est tout sauf étanche, la preuve, y a qu’à voir les courants d’air, il doit faire moins cinq à l’intérieur. Et Jacques qui vantait la puissance des surgénérateurs de secours, et ben ça se pose là, en terme d’efficacité.

Donatienne barra rageusement la phrase. Idiote, une phrase idiote et un prénom idiot, évidemment, aucune chance de remporter un quelconque prix littéraire avec ça.

Quand est-ce qu’on leur permettrait de retourner dans leurs chambres ? C’était bien sa veine, ça, une alerte incendie pendant ses vacances, et probablement le jour le plus froid et humide de l’année. Elle avait le chic pour les situations improbables. Évidemment, les pompiers ne pouvaient pas se déplacer. Et puis, les pompiers, c’est pas comme les médecins, imaginez un peu, « y a-t-il un pompier dans l’hôtel ? », de quoi ça aurait l’air. Ridicule.

Enfin bon, toujours est-il qu’il n’y avait probablement pas de feu, mais que ne sachant pas quoi faire, la direction de l’hôtel les parquait tous dans le hall. Ambiance wagon à bestiaux, la paille en moins. Enfin, au moins, la moquette couleur sable, ils auront du mal à la ravoir, même à la shampouineuse. Petite satisfaction, mais quand même. Il faut être bête aussi pour mettre de la moquette, couleur sable qui plus est, dans le hall d’un hôtel « au pied des pistes ». Leur décorateur d’intérieur ne devait pas avoir la lumière à tous les étages.

Un solo de saxophone annonça la fin de l’alerte. Un soupir de soulagement s’éleva de la masse confuse des touristes qui s’ébroua en direction des ascenseurs.

Du saxophone, je vous jure. Et pourquoi pas du clairon pour se réveiller le matin. Encore un coup du décorateur d’intérieur, ça. Bien le genre à aimer les bibliothèques déstructurées et les lofts blancs avec un seul mur couleur prune ou chocolat, le style Valérie-Damidotien début vingt-et-unième, quoi. Cette espèce de nostalgie des siècles précédents l’énervait au plus haut point.

Donatienne laissa passer quelques minutes supplémentaires pour échapper à la bousculade. Jacques revenait tout juste des toilettes, remontant le flux en sens inverse, un sourire jusqu’aux oreilles sur son visage rougeaud et son corps comprimé dans sa combinaison de ski chatoyante et neuve en plastoheat. Son totem, ça doit être le saumon, se dit Donatienne, ça lui va bien. Surtout au niveau de l’odeur. Et cette combinaison, elle est vraiment trop serrée, je lui avais dit de prendre la taille au dessus.

- On remonte, chérie ? Il parait qu’il fait bien chaud dans les chambres, les surgénérateurs se sont mis en route
- Vas-y, je te rejoins, faut que je trouve cette phrase d’accroche.

« Étanche comme un panier percé, le hall est à peine garni de plantes vertes et de luminaires indirects. »

Panier, garni, ben voyons, de mieux en mieux. Rien à en tirer, de cette journée. Autant remonter. Donatienne reboucha son stylo, le remit avec son carnet dans son sac à dos, débloqua ses freins et roula jusqu’à l’ascenseur. Jacques avait bloqué la porte et l’attendait. Elle prit un peu d’élan pour passer le seuil, stoppa puis retourna le fauteuil dans un même mouvement. Elle regarda Jacques.

- On y va ou on reste là jusqu’à demain ?

- On y va, dit Jacques. On y va.

2 commentaires:

Eric a dit…

Mais où vas-tu chercher toute cette imagination ?

Valérie a dit…

Dans ma tête... Et encore, il y a pire (mais je ne peux pas tout dire ;) )

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