J’ai toujours préféré les clowns tristes, et les films qui se finissent mal.
J’ai toujours pensé, aussi, que malgré toutes les difficultés, les brimades ordinaires, les à-priori, être une femme était une chance, parce qu’on pouvait porter des enfants. Parce qu’on pouvait faire tout ce que font les hommes, et porter des enfants.
Je n’y crois plus.
Une chance, de devoir consciemment renoncer à des choses que j’aime ? Une chance, que tout le monde considère être en droit de réclamer mon attention constante ? Une chance, de perdre ma liberté, de m’aliéner par choix, si ce n’est consciemment, à chaque heure de chaque jour, à une volonté et des besoins autres que les miens, moi qui suis fondamentalement égoïste ? Une chance, de devoir accepter que d’autres que moi s’épanouissent pleinement dans leur travail et soient reconnus comme tel, parce qu’ils travaillent plus, parce qu’ils peuvent travailler plus, parce que personne ne les attend à 18h30 à la garderie, parce que je suis une femme ?