mercredi 2 mars 2011

Un ver, ça va...


Mes chers petits clous,

Il me semble que ça fait un bail que je n’ai pas nourri votre culture zoologique au mieux incomplète (pour ne pas dire inexistante pour certains, j’ai les noms), et afin de remédier à ce cruel constat, j’ai décidé de vous parler aujourd’hui d’un animal fort commun par chez nous, très utile, peu farouche et doux comme un agneau.

Mais mal-aimé. Comme quoi, ça tient à peu de chose.

Le ver de terre, ou plutôt les vers de terre (on estime qu’il existe 7000 espèces quand même) sont des animaux (oui, en même temps, c’est le concept de l’article, rien de révolutionnaire jusqu’ici) invertébrés fouisseurs et représentent le groupe dont la biomasse dans le sol est la plus importante.

Ce qui veut dire, que si vous enlevez tous les vers de terres d’un mètre cube de terre, que vous les posez sur le plateau d’une balance, que vous rattrapez les deux douzaines qui se font la malle subrepticement, que vous les reposez, que vous posez les poids sur l’autre plateau, que vous commencez à jurer parce que le temps de poser les poids il y en a à nouveau la moitié qui se sont barrés, un ou deux qui se sont coincés dans le mécanisme de la balance et trois qui se sont glissés sur l’autre plateau, quand vous commencez à vous dire que finalement, morts, ils doivent peser le même poids à peu de choses près (sauf pour les amateurs du film 21 grammes), que vous faites vos additions …

Bon, laissez tomber, croyez moi sur parole (parce que quand vous voudrez peser les bactéries, je vais vraiment finir par rigoler) : les vers de terre pèsent le plus lourd, par rapport à tous les autres groupes d’animaux. Il n’est pas rare de trouver jusqu’à deux tonnes de vers à l’hectare (dans un coin non pollué).

Schématiquement, le ver de terre n’est rien de plus qu’un tube digestif plus ou moins long (jusqu’à trois mètres, quand même. Loin des 200 mètres des vers de sable de Dune, mais belle bête) qui digèrent de la matière végétale en décomposition, pour en faire de la bonne terre fertile et aérée (en langage scientifique, le complexe argilo-humique).

Il est où le cucul, elle est où la têtête ? Facile. La tête est plus grosse (l’exact contraire de la majorité de la gente féminine).
Le ver de terre est constitué de segments garnis de soies qui l’aident à se déplacer. Devant, la pointe, puis la bouche, donc, et derrière l’anus. Le ver de terre respire par la peau (ça fait toujours son petit effet en soirée).

Les bitoniaux qu’il laisse en surface (selon les espèces) s’appellent des turricules (comment veux-tu, comment veux-tu… non rien). Et ils en laissent… Les dix centimètres superficiels d’un pâturage sont constitués en majeure partie par les déjections des vers qui y ont vécu au cours des 20 années précédentes. Nous marchons sur des tonnes de cacas de vers de terre.

Selon les espèces, et même au sein d’une espèce, les modes de reproduction sont très divers : Cela peut-être un accouplement sexué chez les lombrics: en position tête-bêche, étroitement unis par l’amour, et aussi une sécrétion gluante (moins glamour, je sais), la femelle (l'un des deux, quoi) pond des œufs dans un cocon, qui sont arrosés de sperme (par l'autre, donc).

Mais , la plupart du temps, les vers se reproduisent par autofécondation (les vers sont très flexibles. Très), par parthénogenèse (pour ceux qui n’ont pas suivi leurs cours de biologie au lycée : en pondant des œufs sans fécondation), mais aussi à l’aide de moyens plus fun : la fragmentation (ils se coupent en petits morceaux qui donnent chacun un individu complet) et la paratomie (c’est un genre de fragmentation, sauf que les nouvelles têtes et queues poussent avant de se couper en morceaux).

Ceci dit, ça marche uniquement si on les coupe au bon endroit. Et pas chez les lombrics, ce qui veut dire que si vous voulez tenter l’expérience chez vous en coupant un ver de terre en deux, il fera ce que fait tout être vivant normalement constitué dans une telle situation : il mourra dans d’atroces souffrances.

Le ver de terre a un certain nombre d’ennemis : oiseaux, insectes, taupes ou sangliers, et surtout l’homme.

Il est très sensible aux pesticides, dont certains sont même faits expressément pour tuer les vers de terres (les lombricides), ce qui est complètement con, puisque on a vu que le ver de terre améliore la terre, et qu’il rapporte énormément (on estime que l’utilité économique des vers de terre en Irlande dépasse le milliard d’euros par an).

D'ailleurs, certains l’élèvent même pour la production de compost… Dans ma série je crée des slogans qui claquent, je vais lancer « adoptez un ver de terre, la terre vous le rendra ».

Pensez aux nombreux avantages d’un élevage ver de terre chez vous ! En plus de pouvoir disposer d’une terre de qualité en permanence, vous aurez à disposition une réserve d’appâts pour la pêche, un sujet d’étude permanents pour vos enfants (si je le coupe là, ça marche ? ah non, raté), un épurateur d’eaux usées écologique , une idée d’apéro originale et nutritive, et même une lessive qui lave plus blanc que blanc (pour la méthode de production, je vous laisse chercher, c’est crade).

J'espère que vous le verrez d'un autre oeil, la prochaine fois que vous le croiserez...

A bientôt, mes petits clous!

8 commentaires:

annick a dit…

merci!

ASTRIDM a dit…

Et tu connais l'histoire de "Sluuuuurp le ver de terre" ? C'est un ver de terre dans une basse-cour et sluuuuuurp le ver de terre...
oui... je sais...

pivoine a dit…

Quand mon père avait des poules, avec ma soeur on se régalait de bêcher un bout de terre pour voir tous ces vers et laisser les poules se jeter sur le festin.
C'était cruel oui.

Ana DuCocon a dit…

Merci, je me coucherai moins bête ce soir ;)

Manou a dit…

Amis de la culture bonjour ! ;o))
(sinon je passais juste te prévenir qu'on a un truc à te dire chez nous ;o)) ++

lili la baleine a dit…

et même que c'est une bébête sacrée au tibet ... enfin c'est ce qu'ils disent dans un film avec Mr Pitt (qui est plus beau qu'un ver de terre ... surtout nu comme un ver ... enfin j'imagine ;) )

Valérie a dit…

@annick: de rien ;)

@astridm: non, désolée, je me suis arrêtée à paf le chien.

@pivoine: oh ben non, vous preniez soin tendrement de toutes ces petites poules sans défenses... (je t'ai dit que je nourrissais les araignées avec des fourmis,petite?)

@MissBrownie: ;)

@Manou: non mais il y en a marre des sujets ressassés, toujours les mêmes... moi je dis: vive le ver de terre!

@lili: J'avoue que Brad Pitt dans 7 ans au Tibet.... miam...

je veux un bébé a dit…

Salut,

Ton livre, tes extraits, ton plan, tu les as déjà confronté à "un critique" ou "écrivain" ?

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