Angst

J’ai peur.

Je le sais, il y a comme un vide dans ma poitrine lorsque mon cœur bat, chaque fois, de cette pulsation sourde et accélérée.

Mes doigts ne tremblent pas, mais ils sont moins assurés, moins forts sur le clavier. De pauvres petites choses roses et débiles.

Je dois voir l’anesthésiste ce soir, une bête consultation d’un bête médecin pour une bête anesthésie, plus tard, encore une semaine, une semaine encore.

2h30 de sommeil curarisé.

Peur de mourir ? Je ne crois pas. 1 sur 100000, pensez-donc, j’ai presque plus de chances de gagner le gros lot au loto.

Il y a des gens qui gagnent le gros lot au loto. J’ai vu un reportage là-dessus, il y a pas longtemps. Ils s’achètent de grosses maisons, de grosses voitures, de grosses vacances, et prennent la grosse tête.

Mais alors, peur de quoi ?

2h30 de coma.

Intubée, même plus capable de respirer seule.

Une machine pour me maintenir en vie, pour souffler l’air dans mes poumons, pour mesurer le taux d’oxygène de mon sang, mon activité cardiaque, des lignes qui bougent comme sur un oscillogramme et des bips dans tous les sens.

Une machine, pour ma vie.

Nue, ou presque,  sur une table d’opération.

Et aucun souvenir.

Mon chirurgien, en qui j’ai toute confiance, heureusement, heureusement, pour inciser, coudre, coudre encore, découper, et coudre toujours.

Et ces lignes qui bougent.

Je ne sais pas ce qui se passe. Je dors, d’un noir sommeil de mort.

Je sais que c’est irrationnel.

J’ai peur...