J'aime le train. J’ai toujours aimé le train. M’asseoir près de la fenêtre, la tête appuyée contre la vitre. Regarder.
J'y retrouve cette impression d'espace que l'on ressent parfois dans ces pays étrangers où le regard porte loin. Il y a tant à voir, la nuance ocre particulière de la terre, le lièvre surpris au détour d'un bosquet, quelques maisons alignées dans une vallée...
Des nuages, et du ciel.
Je vois...
Des banlieues, des gares de triage, des entrepôts.
Des bassins de traitement des eaux usées. Des fleuves.
Un hôtel Formule 1.
Un pont.
Loin, l'inflexion d’une colline.
Un terrain de football vide, fraîchement tondu.
Une ligne haute tension aux oreilles de chat dressées.
Des jardins ouvriers.
Une croix sur un mont, et des peupliers près de la rivière.
Un magasin Leclerc.
La cheminée en brique d'une usine et une colonne de fumée au loin.
Un éclat de givre sur l'herbe en lisière du bois. Un petit frisson me prend à le contempler.
Je vois...
Le carré parfait d'un cimetière.
La lumière.
Un toboggan en plastique vert, dans un coin de jardin.
Les hommes ont disparu.
Je vois...
Un tunnel noir, un ensemble HLM aux murs écaillés.
Une maison bourgeoise, enguirlandée de lierre.
Un chemin qui part, sans fin, et je veux le prendre un petit moment.
Cette maison isolée, la blancheur de ses pierres et les taches de couleur des magnolias, j’imagine la chambre qui va avec, le lit bateau en bois, le matelas moelleux mais un peu fatigué et le couvre-lit piqueté de roses à la Aubusson.
Tout cela passe si vite, que je dois ouvrir les yeux grands grands, pour ne rien rater, pour emmagasiner des images, encore et encore, à en perdre haleine.
J'aime le train. J’ai toujours aimé le train. M’asseoir près de la fenêtre, la tête appuyée contre la vitre. Voir.
mardi 3 avril 2012
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
4 commentaires:
C'est exactement ça... et exactement pour ça que j'aime aussi le train !
Idem, s'il ne fait pas nuit je ne lis pas ni ne regarde mon ordi, mais notre beau pays.
Tout pareil !!! Bien vu !
merci de ce beau voyage...ça m'a rappelé mes trajets quotidiens dans ce train de banlieue gallois, le 2ème été passé là-bas en 1981. Les Britanniques ne voyant pas l'utilité des volets ou des rideaux pour leurs cuisines et autres salles à manger, je plongeais du haut du talus dans la vie des familles qui prenaient leur breakfast à l'aller, et le tea (notre souper) au retour. Et au départ comme à l'arrivée, le claquement des innombrables portes des trains de l'époque, qu'on ouvrait de l'extérieur, en passant la main par la fenêtre...merci d'avoir fait remonter cela !
Enregistrer un commentaire