Bonjour mes petits clous!
Tous les matins, je traverse un no man’s land avant d’arriver au travail, une zone de tranchées où tous les coups sont permis, guerre ayant pour protagonistes à ma droite l’EPAD (Établissement Public pour l'Aménagement de la région de la Défense), et à ma gauche les commerçants de la galerie que je traverse pour aller travailler.
Mais si l’EPAD, vous connaissez, vous savez cette histoire avec Jean Sarkozy là, qui était candidat à la présidence du conseil d'administration ? Ben voilà, vous situez mieux.
L’EPAD veut rénover, faire un monstrueux centre commercial moderne, avec marbre, clinquant, et sans amiante. Et aussi plus de magasins, avec des loyers bien augmentés.
Les commerçants, eux, veulent commercer, et accessoirement vivre.
Les commerçants ne ferment pas, parce qu’ils ne peuvent pas s’installer ailleurs. Les compensations ne sont manifestement pas suffisantes. Ils résistent à l’arrêté municipal. Cherchent le vide juridique, déploient des banderoles sur leurs devantures.
L’EPAD, lui, a commencé les travaux. Les murs montent, encerclant peu à peu les résistants, au sens propre. Ils coupent les terrasses en deux, isolent une boutique, puis une autre, ne laissent qu’un passage restreint au flot de travailleurs qui transitent.
Ce serait une situation grotesque si elle n’était pas pitoyable, il faut enjamber des tas de placoplâtres et des barrières pour aller prendre un café dans sa brasserie habituelle. Pas que j’ai pas l’habitude des placoplâtres, non, tu penses, je maîtrise en enjambage, mais c’est juste le contexte qui est légèrement inhabituel.
Officiellement, tout est fermé depuis le 30 juin. C’est la dernière date qui avait été fixée, les travaux étant repoussés régulièrement depuis 2 ans environ. Mais là, ils ont commencé, sauf que tout n’est pas fermé, loin de là !
Les magasins continuent à vendre, les restaurants à servir, le bureau de tabac à délivrer ses articles addictifs (cigarettes et jeux de hasard).
Les serveurs ne savent pas s’ils partiront en vacances, ni quand.
La fréquentation est en chute libre (tous les clients ne maitrisant pas l’enjambage de placo).
On se croirait dans une pièce de théâtre d’Alfred Jarry, ou de Ionesco.
Ce serait drôle, si ce n'était pas pour de vrai...
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jeudi 15 juillet 2010
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6 commentaires:
Commerçante moi-même, je connais un peu la question. Ici, ils ont décidé de refaire toutes les canalisations d'un quartier. Au lieu de faire au fur et à mesure, ils ont tout entamé en même temps et ça fait presqu'un an que ça dure, le quartier entier est bloqué. Les commerçants se sont regroupés en association etc... mais les aides obtenues de la mairie sont juste ridicules (très très loin d'un smic mensuel, ce qui ne suffit même pas à payer l'urssaf !). Plusieurs ont déjà mis la clé sous la porte et ce n'est pas fini.
effectivement, ce serait drôle si ce n'était pas vrai... mais en tous cas, j'apprends que tu es tellement accro à ton petit café que tu es prête à te mettre en péril en enjambant un mur de placo pour rejoindre ta brasserie que tu qualifie d'ailleurs d'habituelle !!!!
c'est du joli !!!! ;)
Je te le répète depuis plusieurs mois et ne sais plus comment te l'écrire, chère Valérie : l'argent domine, écrase l'humain et le regarde mourir. On a le président qu'on mérite
@bbflo: quel intérêt de refaire un quartier commerçant si les commerçants sont tous partis??? Ca me dépasse un peu (mais je suis sure que si on m'explique bien, je finirai par comprendre la logique, il doit y en avoir une, non?
Si... Pas possible autrement...
@Astrid: ça m'arrive régulièrement, je l'avoue... pas tous les jours non plus (vu que le café est 6 fois plus cher que dans ma tour, même s'il est deux fois meilleur, le rapport est défavorable)
@Eric: oui, oui, oui, et oui. Mais je continuerai à m'interroger, c'est comme ça qu'on avance.
Plutôt d'accord avec Eric...et ça me désole...ça ne me pousse pas à aimer l'être humain.
Ah...misanthropie quand tu nous tiens...
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